Grejso - 2022
FR / Grejso est l’exploration d’un territoire,
dont la tradition du mur de pierre résonne
encore un peu dans ses paysages. La roche
jaune souterraine exploitée à cet endroit
remonte par capillarité dans les anciens
lieux religieux, les vieilles bâtisses et
les ruines de cette région géologique.
À la manière d’une symétrie d’axe horizontal,
le motif des murs de l’être humain ressemble
fort au mur des carrières à ciel ouvert, seulement
le rythme visuel est dissonant. Dissonant à
la nature, mais pas à l’Homme, qui mesura
le temps en bâtissant ces colonnes, ces voûtes
et ces murs traditionnels. La roche de ces
constructions enregistre tout : les coups,
les frottements et les instants ; elle
rougeoie à la chaleur des feux et des batailles,
grisonne sous des décennies de pluie et de froid.
Elle est une mémoire visuelle et tactile, dont
nous ne pouvons qu’en deviner les traces, et
les empreintes de vies qui l’habitaient.
À présent, les murs sont déjà froids et grisonnants
dans leur matière première. Le jaune du grès s’est
perdu, au profit des aplats gris, dans cette pâte
calcaire visqueuse, que nous attendons se solidifier.
La mémoire ne s’y marque pas, elle n’en a pas le
temps. Les fissures et les craquelures ne témoignent
plus du charme d’un mur vieillissant, mais sont
devenues une imperfection inquiétante.
Nos ruines, parviendront-elles à évoquer l’histoire
et à créer des mythes ? Parviendront-elles seulement
à persister ?
ENG / Grejso is the exploration of a territory, where the
tradition of the stone wall still resonates a little
in its landscape. The subterranean yellow rock quarried
here has capillary effects on the ancient religious
sites, old buildings and ruins of this geological region.
In the manner of a symmetry of horizontal axis, the
pattern of the walls of the human being closely looks
like the wall of the open-cast quarries, only the visual
rhythm is dissonant. Dissonant to nature, but not to
Man, who measured time by building these columns, vaults
and traditional walls. The rock of these constructions
records everything: the blows, the friction and the
moments; it reddens in the heat of fires and battles,
greys under decades of rain and cold.
It is a visual and tangible memory, from which we can
only guess the traces and imprints of the lives that
inhabited it.
Now the walls are already cold and grey in their raw
material. The yellow of the sandstone has been lost in
favour of grey flat areas in this viscous limestone paste,
which we are waiting for to solidify.
Memory doesn't make its mark, it doesn't have time to
do so. The cracks and fissures no longer reflect the charm
of an ageing wall, but have become a worrying imperfection.
Will our ruins manage to evoke history and create myths?
Will they even manage to persist?